jeudi 3 août 2017

DOOM PATROL, VOLUME 1 : BRICK BY BRICK, de Gerard Way et Nick Derington

Young Animals, c'est, chez DC, un peu du néo-Vertigo - sans doute moins ambitieux, moins varié, etc. Mais il y a de chouettes titres dans cette collection dirigée par Gerard Way, qui en a profité pour réaliser son vieux rêve : écrire Doom Patrol (j'ai appris qu'il avait proposé un premier projet il y a quelques années, qu'aurait dessiné Becky Cloonan) avec, pour la partie graphique, Nick Derington (soutenu à l'encrage par Tom Fowler pour le 6ème épisode).


Résumer les 6 épisodes de Brick by brick n'est pas de la tarte car le scénario est complètement barré, ce qui est à la fois sa force et sa limite - mais j'y reviendrai. Donc, je vais tâcher de faire de mon mieux, mais que ça ne vous décourage pas de lire ce premier arc (dispo en recueil) au demeurant très distrayant.


Soit : Casey Brinke, une jeune ambulancière, recueille chez elle un robot démembré que va réparer sa co-locataire, Terry None (qui a d'abord voulu la tuer). Il s'agit de Cliffort Steele alias Robotman aux trousses duquel sont lancés les sbires de Vectra, dirigé par Torminox.
Par ailleurs, Larry Trainor, ancien pilote de l'armée, ne maîtrise plus les pouvoirs dont il est doté depuis un vol expérimental : il est désormais l'hôte de la force négative, incarnée par Keeg Bovo, et doit décider s'il veut (re)devenir Negative Man.
Projetée dans une dimension parallèle dont son ambulance est le sas, Casey rencontre Flex Mentallo qui l'alerte sur la menace que fait peser Vectra sur Dannyland, l'endroit où il a trouvé refuge et qui fut une première fois sauvé par la Doom Patrol.
Et c'est sans compter sur Valerie Reynolds, l'ex-femme de Sam, le collègue de Casey, recrutée par la secte de Multi-Mother Jane, elle-même ex-épouse de Cliff Steele/Robotman, qui projette un suicide collectif de ses ouailles...


Grosso modo, voilà de quoi il retourne. Mais en vérité, synthétiser ça n'est pas rendre justice à l'entreprise de Way : les fins comptent moins que les moyens, le but vaut moins que le voyage. Et si on lit cela ainsi, cette version de Doom Patrol vaut le déplacement : c'est bizarre, absurde, déjanté, et pourtant ça se lit facilement, sans heurts. On est si souvent sidéré par les rebondissements, car on s'identifie à Casey Brinke, ahurie par ce qu'elle découvre et traverse, qu'on veut connaître la fin même si c'est un grand huit.


Mais Way est un peu trop roublard. Son délire manque un tantinet de spontanéité, on devine la part de calcul pour "faire zarbi". Et c'est la limite susmentionnée du récit, qui, par ailleurs, frustrera ceux qui attendent la réunion au complet de l'équipe (pas d'Elasti-Girl, pas de Mento, pas de Beast Boy, et le Chief Niles Caulder n'apparaît qu'à l'occasion de saynètes aussi brèves que lunaires, sans impact sur l'intrigue, même si on le pense à un moment). En fait on comprend que la Patrouille du Destin est l'incarnation définitive des précédentes BD de Way, le modèle canonique de l'Umbrella Academy (un groupe de freaks rock'n'roll et barjos au comportement dysfonctionnel).

Toutefois, la série dispose d'un atout : Nick Derington la dessine avec beaucoup de fraîcheur et de pep's. Son trait est économe mais expressif, le détail des décors est supérieur à la moyenne de ce qu'on peut trouver dans un mensuel ordinaire, les designs soignés - il maîtrise bien les personnages connus et rend les nouveaux immédiatement attachants.

Essayez Doom Patrol, et puis Shade, The Changing Girl, Cave Carson Have a Cybernetic Eye, Mother Panic (surtout quand Tommy Lee Edwards ou John Paul Leon sont là) : ce petit îlot de comics étranges est bien sympa.

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